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LE RÂMÂYANA de VÂLMIKY


Le Râmâyana ou " Geste de Râma " n'a pas d'âge. Il plonge ses racines dans le plus lointain passé de l'Inde pour prendre sa forme classique de poème épique sanskrit voici environ deux mille ans. Ses sept épisodes en 645 chants et 24000 versets en firent ce monument littéraire qui a traversé les siècles et marqué profondément toutes les civilisations de l'Asie méridionale. La tradition l'attribue à un seul auteur, lui-même entré dans la légende: Vâlmiki.

Voici le résumé proposé en introduction dans la traduction disponible à la Bibliothèque de la Pléiade.

RESUME des CHANTS


( Les chiffres en jaune correspondent aux notes que vous retrouvez  à la fin du texte ).


L'ascète Valmiki interrogea Narada, ce sage éminent voué aux austérités et à la récitation des Veda, cet excellent connaisseur de la parole: " Qui donc est à présent en ce monde vertueux et vaillant, connaît le dharma 1 et reconnaît les bienfaits, dit la vérité, est ferme dans ses observances, a une conduite pure et fait le bien de toutes les créatures, est à la fois savant et capable, paraît toujours d'humeur agréable, est maître de lui, a dominé sa colère, est resplendissant et n'éprouve pas d'envie, effraie les dieux eux-mêmes en combattant furieusement ? Je suis impatient de l'apprendre. Toi, grand rishi, tu dois connaître un tel homme ! "
                  Ayant entendu ces paroles de Valmiki, Narada, le connaisseur des Trois Mondes, l'invita à écouter et, tout réjoui, lui fit ce récit.
Nombreuses et difficiles à acquérir sont les vertus que tu as mentionnées. Ô sage, je sais quel est l'homme qui les possède. Écoute, je vais te le dire. Il est issu de la dynastie d'Iksvãku et s'appelle Rãma; il est renommé dans le monde entier. Il est maître de lui et déborde de vaillance; il est resplendissant, ferme et déterminé. Il est avisé, versé dans la science de la conduite royale, éloquent et rayonnant de splendeur. Il triomphe de ses ennemis. Ses épaules et ses bras sont puissants, son cou plissé comme une conque, sa mâchoire forte et sa poitrine vaste. Ce grand archer aux épaules charnues, ce dompteur des ennemis a des bras qui vont jusqu'aux genoux. Son visage est beau, son front bien fait, sa démarche fière, son corps harmonieux, ses membres bien proportionnés et son teint brillant. Il est fougueux, sa poitrine est musclée, ses yeux sont larges. Il est plein de lustre et marqué de signes propices. Il connaît le dharma, il est fidèle à sa parole et dévoué au bien des créatures. Pénétré de gloire, il possède la connaissance. Il est pur, soumis et se concentre parfaitement. Pareil à Prajãpati
2, resplendissant d'éclat royal, il est l'Ordonnateur 3 et détruit ses ennemis. Protecteur du monde des vivants il protége aussi le dharma de toutes parts. Il suit son propre dharma et défend ses sujets. Il connaît la substance des Veda et de leurs sciences auxiliaires. Il est rompu à la science de l'archer. Il connaît la teneur essentielle de tous les Traités et il connaît aussi la tradition. Il est doué de lucidité, il est cher à tout le monde, juste, énergique et perspicace. Les gens de bien affluent continuellement vers lui comme les fleuves vers l'océan. Il est noble, impartial et toujours plaisant à regarder. Doué de toutes les qualités, il emplit de joie sa mère Kausalyâ. Il est profond comme l'océan, ferme comme I'Himalaya, héroïque comme Vishnou 4, beau comme la lune, terrible dans sa colère comme le brasier de la fin des temps, patient comme la Terre, glorieux comme le Dispensateur des richesses, juste comme un autre Dharma.
À ce fils aîné qu'il aimait, à ce Rãma doué de toutes les qualités, vaillant, pourvu des plus hautes vertus, apte à assurer le bonheur des sujets, le roi
Dasaratha, plein de joie, voulut conférer la qualité de prince héritier par souci d'être agréable à son peuple. Mais, à la vue des préparatifs de la consécration, la reine Kaikeyi, l'une des épouses du roi qui avait autrefois reçu de lui une faveur à choisir, demanda l'exil de Rãma et la consécration de son propre fils Bharata
5. Comme il était fidèle à la parole donnée, prisonnier des liens du dharma, Dasaratha exila Rãma, son fils bien-aimé, et le héros partit pour la forêt, préservant ainsi le serment de son père qui lui avait donné cet ordre pour complaire à Kaikeyi. Alors qu'il partait, son cher frère Laksmana, -…- le suivit par amour, plein de modestie, montrant ainsi à Rãma qui le chérissait ses affectueux sentiments fraternels. Sitã, l'épouse bien-aimée de Rãma qui lui était aussi précieuse que la vie, née dans la lignée de Janaka, façonnée comme une création divine marquée de tous les signes favorables, la meilleure épouse parmi les femmes, suivit aussi Rãma comme Rohini son mari le dieu Lune 6. -…- Accompagné de Laksmana et de Sitâ, Rãma alla de forêt en forêt, traversant des fleuves aux flots abondants, puis il se rendit à Citrakuta 7 -…-. Les trois princes y construisirent une habitation charmante. Se divertissant dans la forêt, tels des dieux -…- ils y vécurent heureux. Quand Rãma fut parti pour Citrakuta, le roi Dasaratha, malade de chagrin à cause du départ de son fils, monta au ciel en le pleurant. Après la mort du roi, les brâhmanes 8, -…- voulurent conférer la royauté au puissant Bharata mais il n'en voulut point et ce héros se rendit dans la forêt pour se concilier le grand et vaillant Rãma. Il alla donc le trouver, et le noble Bharata supplia son frère: " Toi seul es le roi, connaisseur du dharma", lui dit-il.
Mais le puissant et beau Rãma, plein de majesté et de gloire, n'accepta pas la royauté, à cause de l'ordre de son père. Il remit en dépôt à son frère ses socques comme symbole de sa royauté et insista pour que Bharata partît. N'ayant pu accomplir ce qu'il voulait, celui-ci se prosterna aux pieds de Rãma et s'en alla exercer la royauté à Nandigrãma
9 dans l'attente du retour de son frère.
            Après le départ de Bharata, le splendide Rãma, fidèle à son engagement et maître de ses sens, constatant que les habitants de la capitale et le peuple venaient
le rejoindre jusque-là, pénétra dans la forêt Dandaka, tendu vers un but unique. Une fois entré dans cette immense forêt, Rãma aux yeux de lotus tua le rãksasa
10 Virãdha et alla voir -…- Agastya -…-. Sur l'offre d'Agastya, il accepta avec joie l'arc d'lndra ainsi qu'une épée et deux carquois inépuisables. Pendant que Rãma séjournait dans la forêt en compagnie des habitants des bois, tous les risi 11 vinrent le trouver afin qu'il tuât les démons et les rãksasa de cette forêt, et il leur assura qu'il les exterminerait. Rãma promit donc à ces risi éclatants comme le feu qui habitaient la forêt Dandaka de tuer les rãksasa au combat. Durant son séjour, il défigura Surpanakhã, une rãksasi 12 demeurant dans le Janasthâna 13, qui pouvait changer de forme à volonté, mais, à l'appel de Surpanakhã, tous les rãksasa parmi lesquels Khara, Trisiras et Dusana, firent leurs préparatifs. Rãma les tua au combat ainsi que leurs troupes. Pendant son séjour dans cette forêt, il extermina ainsi les quatorze mille rãksasa qui infestaient le Janasthãna.
            En apprenant le meurtre de ses parents, Rãvana 
14, fou de colère, choisit pour allié un rãksasa du nom de Mãrica. Celui-ci le dissuada à maintes reprises de riposter en lui disant: " Impossible, Rãvana, d'entrer en conflit avec quelqu'un de si puissant! "
      Mais Rãvana ne tint pas compte de ces paroles et, poussé par le Temps destructeur, il se rendit avec Mãrica à l'ermitage de Rãma. Avec l'aide de Mârica qui était doué de pouvoirs magiques, il attira au loin les deux princes et enleva l'épouse de Râma après avoir blessé le vautour Jãtayus
16.  A la vue du vautour mortellement blessé, en apprenant en outre l'enlèvement de Maithili 17, le Rãghava 18 tourmenté de chagrin se lamenta, les sens bouleversés. Avec un chagrin non moins vif, il brûla le corps du vautour Jãtayus. En parcourant la forêt à la recherche de Sitâ, il aperçut un rãksasa nommé Kabandha, difforme, à l'aspect redoutable. Le guerrier au bras puissant le tua et le brûla. -…- Rãma, le fils de Dasaratha, rencontra ensuite sur les bords de la Pampã le singe Hanumãn 19 et, sur son conseil, il alla trouver Sugriva 20 à qui le puissant Rãma raconta toute son histoire depuis le début, en particulier ce qui était arrivé à Sitã. Ayant écouté tout ce que Rãma lui avait dit, le singe Sugriva conclut alliance avec lui en prenant Agni à témoin. Alors, le malheureux roi des singes, mû par l'affection, confia à Rãma son hostilité envers Vãlin, et Rãma lui promit de tuer ce dernier. Le singe Sugriva qui mettait sans cesse en doute la force du Rãghava lui dit ensuite combien Vãlin était puissant. Pour qu'il fût bien convaincu, Sugriva lui montra l'énorme corps de Dundubhi 21, grand comme une haute montagne. Le puissant guerrier aux grands bras rit en voyant la carcasse et l'envoya d'un coup de son gros orteil à dix lieues de là, puis transperça encore d'une seule grande flèche sept arbres Sãla 22, une montagne et le monde souterrain
rasãtala
23, gagnant ainsi la confiance de son ami. Le cœur réjoui, rassuré, le grand singe alla avec Rãma à la caverne de Kiskindhã 24. Alors, Sugriva, l'éminent singe à la couleur fauve, poussa un cri retentissant. À ce grand bruit, le roi des singes sortit. Avec l'assentiment de sa femme Tãrã, il alla à la rencontre de Sugriva mais le Rãghava le tua sur place d'un seul trait. Après avoir tué Vãlin au combat et à la requête de Sugriva, le Rãghava confia la royauté à ce dernier. Ce taureau des singes, impatient de voir la fille de Janaka (Sitã), réunit alors tous ses congénères et les envoya dans toutes les directions à la recherche de celle-ci. Sur le conseil du vautour Sampãti, le puissant Hanumãn franchit d'un bond un bras de mer large de cent lieues. Là, il se rendit à la cité de Lankã 25 protégée par Rãvana et aperçut Sitâ, pensive, qui se tenait dans un bosquet d'asoka 26. Il lui présenta un signe de reconnaissance et lui raconta les événements. Après avoir réconforté Vaidehi 27, il brisa une arcade, tua cinq chefs d'armée et les sept fils d'un ministre puis tailla en pièces le vaillant Aksa avant d'être lui-même capturé.
Sachant qu'il serait délivré de l'arme qui le tenait immobilisé grâce à une faveur reçue de l'Aïeul 
28, le héros supporta de son plein gré les tourments que lui infligeaient les rãksasa. Puis il incendia la cité de Lankã, en épargnant Sitã Maithili. Après cela, le puissant singe repartit annoncer la bonne nouvelle à Rãma. Le noble Hanumãn, arrivant près du grand Rãma, tourna autour de lui en signe de respect et lui annonça qu'il avait bel et bien vu Sitã. Accompagné de Sugriva, Rãma se rendit alors au bord de l'immense océan qu'il fit tourbillonner de ses flèches brillantes comme le soleil. L'Océan, seigneur des rivières, se manifesta et, sur son conseil, Rãma fit construire une digue par Nala 29. Grâce à elle, il atteignit la cité de Lankã et tua Rãvana au combat. Quand il retrouva Sitã, il fut submergé de honte et lui adressa de rudes paroles devant l'assemblée. Incapable de supporter cela, la fidèle Sitã se jeta dans un brasier et Rãma apprit par le verdict du Feu que Sitã était exempte de toute souillure.
Le Triple Monde avec ses créatures mobiles et immobiles, ses troupes de dieux et de risi fut comblé par l'immense exploit du grand Rãghava. Rãma rayonnait de joie, honoré de toutes les divinités. Après avoir consacré à Lankã Vibhisana roi des rãksasa Rãma, son devoir accompli et débarrassé de sa fièvre, se livra à l'allégresse. Grâce à la faveur des dieux, Rãma ressuscita les singes morts au combat. Entouré de ses amis, il partit pour Ayodhyã
30 sur le char Puspaka 31 avec ses compagnons. Arrivé à l'ermitage de Bharadvãja 32, le vaillant Rãma envoya Hanumãn auprès de Bharata. Il raconta de nouveau son histoire puis, accompagné de Sugriva, il remonta sur le char Puspaka et se rendit à Nandigrãma. Là, en compagnie de ses frères, l'immaculé Rãma défit son chignon d'ascète et, après avoir reconquis Sitã, recouvra aussi la royauté.
      Comblé d'une profonde satisfaction, le peuple est maintenant bien nourri, vertueux, exempt du mal, délivré de la maladie et de la crainte de la famine. Désormais, aucun homme ne verra mourir ses fils, les femmes seront toujours à l'abri du veuvage et fidèles à leurs époux. Il n'y a plus rien à craindre du feu, les gens ne se noient plus dans les eaux, Il n'y a plus rien à craindre de la tempête ni de la fièvre, ni de la faim, ni des brigands. Les villes et les royaumes regorgent de richesses et de grain. Tous connaissent une joie perpétuelle comme à l'âge d'or. Après avoir offert des centaines de sacrifices de cheval en dépensant beaucoup d'or, après avoir donné des millions de vaches aux savants conformément aux préceptes, après avoir offert d'innombrables richesses aux brâhmanes, le glorieux Rãma fera croître au centuple les dynasties royales en ce monde et fera respecter à chacune des quatre classes" le dharma qui est le sien. Après avoir régné dix millénaires et dix siècles, Rãma partira pour le monde de Brahmâ.
      Celui qui récite cette sainte histoire de Rãma, purificatrice des fautes, sainte à l'égale des Veda, est délivré de tous ses péchés. Par ce récit bénéfique du Rãmâyana, le narrateur goûte après sa mort les délices du paradis avec ses fils, ses petits-fils et ses serviteurs. Par cette narration, le brâhmane devient un orateur
éminent, le ksatriya
33 acquiert la souveraineté sur la terre, la classe des marchands voit fructifier son commerce et même la classe des sudra 34 en sort grandie.

NOTES
1 Dharma :
Au sens le plus large, l'ordre sociocosmique qui soutient l'existence du triple monde (ciel, terre, enfers).
2 Prajãpati : Autre nom de Brahmã. Dieu créateur.
3 " L'Ordonnateur ", ou Dhãtr, est le nom d'un être divin personnifiant les fonctions de création et de
soutien du monde, éventuellement identifié à Brahmã.
4 Vishnou : Dieu suprême du Rãmãyana, protecteur de l'humanité. Rãma est une incarnation de Vishnou sur terre.
5 Bharata : Autre demi-frère de Rãma et également incarnation de Vishnou.
6 Le Dieu Lune : Rohini est une constellation personnifiée comme une épouse de la lune.
7 Citrakuta : C'est le nom de la montagne où Rãma établit son premier ermitage dans la forêt de l'exil.
8 Brãhmanes : Prêtres. Membres de la classe supérieure de la société.
9 Nandigrãma : Le " village de celui qui a la joie "
10 Rãksasa : Créature que nous assimilerons ici à des démons, mais dont les attributs sont bien plus omplexes. Voir L'ouvrage de référence.
11 Risi : Sages, ascètes, et voyants.
12 Rãksasi : Démon femelle.
13 danasthãna : " Lieu du peuple ", région indéterminée située à l'Est de la forêt Dandaka.
14 Rãvana : Roi de tous les Rãksasa.
16 Jãtayus : Roi des vautours et ami de Dasaratha.
17 Maithili : Autre nom de Sitã.
18 Rãghava : Autre nom de Rãma.
19 Hanuman : Le plus illustre des héros simiens, fils du Dieu Vãyu (le vent), il est le plus zélé des serviteurs de Rãma.
20 Sugriva : " Au beau cou" il deviendra Roi des singes après la mort de son frère Vãlin.
21 Dundubhi : Asura (démon) à forme de buffle tué par le singe Vãlin.
22 sãla Arbre aux fleurs parfumées et aux feuilles brillantes. C'est une essence caractéristique de la forêt tropicale humide.
23 rasãtala : Le fond de l'océan qui communique avec les régions inférnales.
24 Kiskindhã : Ville forte et capitale (mythique) des singes, édifiée dans une vaste caverne de l'Inde du Sud.
25 Lankã : Capitale des Rãksasa, royaume de Râvana, communément identifiée à l'actuelle île de Sri Lanka.
26 asoka : Arbre à fleurs rouges.
27 Vaidehi : Autre nom de sitã.
28 Aïeul : Brahmã dieu de la création. 
29 Nala : Singe qui construit la digue qui doit permettre à l'armée des singes de franchir l'océan.
30 Ayodhyã : " l'Invincible " Capitale mythique et lieu de naissance de Rãma.
31 Puspaka : Char céleste issu de l'esprit de Brahmã. 
32 Bharadvãja : Brâhmane, fils du chapelain des dieux. Voir ouvrage de référence.
33 Ksatriya : Caste des rois.
34 Sudra : Caste des intouchables.